LES CINQ DIABLES
- Marvin Ancian
- 24 août 2022
- 3 min de lecture

Réalisatrice. Léa Mysius
Année de sortie. 2022
Genre. Drame, Fantastique
Origine. France
Durée. 95 minutes
Ma note. 17/20
Synopsis : Vicky, petite fille étrange et solitaire, a un don : elle peut sentir et reproduire toutes les odeurs de son choix qu’elle collectionne dans des bocaux étiquetés avec soin. Elle a extrait en secret l’odeur de sa mère, Joanne, à qui elle voue un amour fou et exclusif, presque maladif. Un jour Julia, la soeur de son père, fait irruption dans leur vie. Vicky se lance dans l’élaboration de son odeur. Elle est alors transportée dans des souvenirs obscurs et magiques où elle découvrira les secrets de son village, de sa famille et de sa propre existence. (source : Allociné)
Après le très prometteur Ava, Léa Mysius signe un drame familial teinté de fantastique. La réalisatrice confirme par la même occasion son talent de créatrice d’univers sensoriels et envoûtants.
Scénariste aux côtés de Jacques Audiard (Les Olympiades) ou d’Arnaud Desplechin (Les Fantômes d’Ismaël, Roubaix, une lumière), Léa Mysius s’est aussi fait remarquer en tant que réalisatrice. Son premier film, Ava - un coming of age sorti en 2017 et salué à La Semaine de la Critique à Cannes - relatait les vacances au bord de l’océan d’une adolescente qui découvrait ses premiers émois sentimentaux en même temps qu’elle perdait progressivement la vue.
Dans Les Cinq diables, il est encore question de sens puisque Vicky est une petite fille à l’odorat surdéveloppé. À l’intérieur de bocaux, elle collectionne des mélanges aux odeurs familières qui lui rappellent ses proches. Parmi eux, sa mère, Joanne (Adèle Exarchopoulos), à qui elle voue un amour fou. Dans sa chambre entourée de ses concoctions, Vicky est une gamine solitaire qui vit dans son monde pour oublier celui où elle se fait harceler par ses camarades de classe. Lorsque Julia (Swala Emati), sa tante paternelle, fait irruption dans son quotidien, Vicky se lance dans la préparation de son « odeur ». En inhalant cette dernière, l’enfant est projeté dans le passé de ses parents et découvre des secrets familiaux qui vont venir questionner sa propre existence.

Vicky, une petite fille haute en couleur (et en odeur).
© F Comme Film - Trois Brigands Productions
Tout feu, tout flamme
Les Cinq diables s’articule en alternance autour de scènes du passé, dont Vicky est témoin, et le présent. Tout comme l’enfant, nous constatons au fur et à mesure les événements qui ont mené à la situation actuelle : une relation de couple entre Joanne et Jimmy, le père de Vicky, qui bat de l’aile et une méfiance généralisée à l’encontre de Julia. Les incursions dans le passé de la petite fille lui permettent alors de retrouver les pièces du puzzle familial et de délier les traumatismes.
Au-delà de ses thématiques et d’un paradoxe temporel fascinant (que nous ne gâcherons pas), Les Cinq diables est aussi un film à l’ambiance enivrante. Tourné en 35 mm, les images au noir profond et au grain typique de ce type de pellicule sont sublimées par une bande-son imprégnante, le tout accentuant le mystère qui règne dans ce petit village entouré de montagnes (l’action se situe dans les Alpes, à proximité de Grenoble).
Les Cinq diables est donc une franche réussite qui mêle drame et fantastique à merveille. Il confirme également tout le bien que l’on pensait de sa réalisatrice qui, en l’espace de deux films, est parvenue à proposer un cinéma revigorant. On espère ne pas avoir à attendre cinq nouvelles années pour découvrir son prochain long-métrage.

© F Comme Film - Trois Brigands Productions
Article paru le 24 août 2022 dans le n°882/3 de Ciné-Feuilles.
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