LA DÉRIVE DES CONTINENTS (AU SUD)
- Marvin Ancian
- 21 sept. 2022
- 2 min de lecture

Réalisateur. Lionel Baier
Année de sortie. 2022
Genre. Comédie dramatique
Origine. Suisse
Durée. 89 minutes
Ma note. 13/20
Synopsis : Nathalie Adler est en mission pour l’Union Européenne en Sicile. Elle est notamment chargée d’organiser la prochaine visite de Macron et Merkel dans un camp de migrants. Présence à haute valeur symbolique, afin de montrer que tout est sous contrôle. Mais qui a encore envie de croire en cette famille européenne au bord de la crise de nerfs ? Sans doute pas Albert, le fils de Nathalie, militant engagé auprès d’une ONG, qui débarque sans prévenir alors qu'il a coupé les ponts avec elle depuis des années. Leurs retrouvailles vont être plus détonantes que ce voyage diplomatique… (source : AlloCiné)
Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs lors du 75e Festival de Cannes, le dernier film de Lionel Baier est une comédie dramatique sur fond de crise migratoire, mais aussi beaucoup d’autres choses. Trop de choses.
Début 2020. Nathalie Adler (Isabelle Carré) est responsable de la venue d’Emmanuel Macron et Angela Merkel dans un camp de migrants en Sicile. Alors en train de peaufiner les ultimes détails de cette grande mascarade que sera cette visite officielle, elle croise son fils Albert (Théodore Pellerin) avec qui elle avait coupé les ponts depuis plusieurs années et qui est engagé auprès d’une ONG. Malgré leurs différents, leur rencontre impromptue sera l’occasion de ressasser le passé et, qui sait, peut-être réparer les pots cassés.

Une relation mère-fils houleuse. © Pathé Films
La dérive des thématiques
Après Comme des voleurs (à l’est) réalisé en Pologne et Les Grandes ondes (à l’ouest) prenant place au Portugal (et en attendant l’opus écossais Keek (au nord)), Lionel Baier poursuit sa tétralogie sur l’Europe en explorant les points cardinaux. Ayant tourné en Italie, le cinéaste suisse indique avoir pris comme sujet de départ de son scénario les premières crises migratoires en Méditerranée en 2014. Et en effet, l’entame du film aborde ce sujet de plein fouet avec un ton caustique et ironique tournant en ridicule le passage dans le camp sicilien des dirigeants. Alors que les représentants de ces derniers (interprétés par Tom Villa et Ursina Lardi) enchainent les piques lorgnant parfois vers l’humour d’un OSS117 (en moins efficace néanmoins), Nathalie tente tant bien que mal de satisfaire tout le monde, tout en s’occupant de ses affaires personnelles.
Mais à l’instar des continents du titre, le long-métrage dérive ensuite gentiment mais sûrement vers une rive beaucoup plus émotionnelle et intimiste, laissant derrière lui ses ressorts comiques. En effet, dans sa seconde partie, le récit se concentre plus sur la relation entre Nathalie et Albert, et leur passé respectif, et en devient plus classique et moins convaincant. En outre, diverses thématiques s’ajoutent : de la crise des migrants, nous passons par les états d’âme des personnages principaux ou encore la mise en scène télévisuelle de tels événements officiels, avant de conclure (grossièrement) sur l’arrivée du Covid en Europe.

Sans conteste la plus belle scène du film. © Pathé Films
En moins d’une heure trente, La Dérive des continents (Au Sud) peine à faire des choix et, par conséquent, décide de tout inclure dans sa narration (jusqu’à une facette fantastique intégrant une chute de météorite). Loin d’être désagréable, une œuvre riche mais confuse.
Article paru le 21 septembre 2022 dans le n°885 de Ciné-Feuilles.
Commentaires