BEAST
- Marvin Ancian
- 7 sept. 2022
- 3 min de lecture

Réalisateur. Baltasar Kormákur
Année de sortie. 2022
Genre. Survival
Origine. USA
Durée. 93 minutes
Ma note. 11/20
Synopsis : Le Dr. Nate Daniels, revient en Afrique du Sud, où il a autrefois rencontré sa femme aujourd’hui décédée, pour y passer des vacances prévues de longue date avec ses deux filles dans une réserve naturelle, tenue par Martin Battles, un vieil ami de la famille, biologiste spécialiste de la vie sauvage. Mais ce repos salvateur va se transformer en épreuve de survie quand un lion assoiffé de vengeance, unique rescapé de la traque sanguinaire d’ignobles braconniers, se met à dévorer tout humain sur sa route et prend en chasse le docteur et sa famille. (source : Allociné)
Aux antipodes de son rôle dans la dernière réalisation de George Miller, Trois mille ans à t’attendre, Idris Elba incarne un père endeuillé et prêt à tout pour défendre sa famille. Jusqu’à affronter un félin féroce ayant une dent contre les êtres humains.
Avant les années 2000, les films de survie (ou survival) face à des bêtes sauvages devenues subitement agressives étaient légion. De Les Oiseaux d’Hitchcock à Les Dents de la mer de Spielberg, en passant par des séries B telles Anaconda ou encore Cujo, les fans de confrontations entre animaux et humains étaient servis. Puis, à quelques exceptions près (on pense au récent Crawl d’Alexandre Aja, ou a son cousin thaïlandais beaucoup plus inventif The Pool), le genre est tombé en désuétude. Beast de Baltasar Kormákur (réalisateur de Survivre ou Everest qui exploraient déjà la thématique de la survie) renoue avec cet exercice en voie de disparition.
Car sous son apparence d’aventure en terre africaine (notamment véhiculée par une affiche et une bande-annonce trompeuses) qui rappelle indéniablement L’Ombre et la proie, Beast est en fait un pur survival. Le film s’ouvre sur un groupe de braconniers s’attaquant à une meute de lions. Mais les chasseurs deviennent rapidement proies et un puissant félin terrasse ses agresseurs. Ellipse. À la suite du décès de sa femme, le Dr Nate Daniels (Idris Elba) retourne en Afrique du Sud, son pays d’origine, accompagné de ses deux filles. Sur place, il retrouve son vieil ami Martin Battles (Sharlto Copley), le gardien d’une réserve naturelle. Afin de se reconstruire, tous partent à la découverte de la vie sauvage, et y seront confrontés comme ils ne l’auraient jamais imaginé.

Road trip sauvage en famille. © Universal Pictures
Fauve qui peut !
Au-delà de disséminer ses fusils de Tchekhov (procédé qui consiste à disposer dans le récit des éléments qui reviendront par la suite) et de dévoiler au grand jour les traumas familiaux, cette séquence d’exposition importe peu. En effet, il s’agit moins de mettre en place une ligne narrative qu'un prétexte pour isoler tout ce beau monde en pleine savane avec un lion revanchard qui traîne dans les parages. C’est d’ailleurs dans ses parties les plus brutales que le long métrage est le plus efficace. Grâce à un félin tout de CGI (effets spéciaux numériques) vêtu (fort heureusement lorsque l’on repense à Roar - reconnu comme l’un des films les plus dangereux de l’histoire du cinéma - ayant vu plusieurs membres de l’équipe de tournage blessés par de vrais fauves) et particulièrement réaliste, les scènes d’action instaurent une tension qu’il est difficile de bouder. Articulé en de multiples plans-séquences, Beast réussit à surprendre en ménageant dans un premier temps le suspens avant de faire apparaître frontalement la bête, décuplant ainsi la violence de la série d’attaques qui suivra.
Hélas, alors que le long métrage aurait pu prendre le parti d’un huis clos haletant où les protagonistes, piégés dans l’habitacle de leur véhicule, sont dans l’obligation de redoubler d’inventivité pour échapper aux assauts du lion, Kormákur décide de changer son fusil d’épaule en ne maintenant pas ce procédé. Dès lors, à l’exception des quelques séquences trépidantes évoquées, dans lesquelles il semblerait que la majorité du budget plutôt modeste ait été dépensée, le film n’a pas grand-chose à nous offrir. Le scénario cousu de fil blanc et le développement des personnages simpliste nous entraînent péniblement jusqu’à un final, certes jouissif sur le plan de l’action, mais classique. Sauvé par sa facette survivaliste convaincante et sa durée raisonnable, Beast reste beaucoup trop programmatique et conventionnel pour nous emporter complètement. À défaut d’un long rugissement de plaisir, on ronronne occasionnellement.

© Universal Pictures
Article paru le 7 septembre 2022 dans le n°884 de Ciné-Feuilles.
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