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AFTERSUN


Affiche de Aftersun de Charlotte Wells.

Réalisatrice. Charlotte Wells

Année de sortie. 2022

Genre. Drame

Origine. États-Unis, Royaume-Uni

Durée. 101 minutes

Ma note. 17/20


Synopsis : Avec mélancolie, Sophie se remémore les vacances d’été passées avec son père vingt ans auparavant : les moments de joie partagée, leur complicité, parfois leurs désaccords. Elle repense aussi à ce qui planait au-dessus de ces instants si précieux : la sourde et invisible menace d’un bonheur finissant. Elle tente alors de chercher parmi ces souvenirs des réponses à la question qui l’obsède depuis tant d’années : qui était réellement cet homme qu’elle a le sentiment de ne pas connaître ?

(source : AlloCiné)


Avec Aftersun, Charlotte Wells réalise son premier long métrage. Plongeant dans ses souvenirs, la cinéaste irlandaise signe une petite pépite, tendre et mélancolique.


L’histoire pourrait sembler anodine: Sophie (Frankie Corio, épatante), du haut de ses 11 ans, profite de vacances en Turquie avec son père, Calum (Paul Mescal, bouleversant)… Il n’en est rien. Derrière ce récit, aux apparences simplistes, se cache un gouffre. Celui de se replonger dans son enfance, tout en remettant en question les événements qui y sont liés. Car si ce que nous voyons à l’écran est bel et bien le séjour éphémère d’un jeune père et de sa fille, quelques ellipses furtives nous font comprendre, progressivement, que ce sont les souvenirs de Sophie, vingt ans plus tard, qui se déroulent sous nos yeux. Et comme pour tout exercice de mémoire, les pièces du puzzle émergent par bribes, bien souvent enveloppées d’une part de flou. Ainsi, il n’est pas étonnant que les scènes s’agencent de manière fragmentée, sans véritable début ou fin. Sur le même principe, l’omniprésence de l’eau - élément mémoriel par excellence - ou les nombreuses images filmées dans des reflets en tout genre (une table, une piscine ou un simple écran de télévision) n’ont de cesse d’évoquer la nébulosité de la mémoire.

Aftersun de Charlotte Wells.

Calum et Sophie. © Sarah Makharine



Le bonheur d'être triste


D’une volonté d’écrire une relation père-fille (née dans son école de cinéma où elle regardait des films tels qu’Alice dans les villes de Wim Wenders ou La Barbe à papa de Peter Bogdanovich), Charlotte Wells s’est laissée envahir par les souvenirs de ses rapports avec son père. Tout comme son héroïne, la réalisatrice s’est mise à questionner les zones d’ombre, et à peaufiner son scénario. À l’instar du non moins aqueux Falcon Lake (dont nous vous disions le plus grand bien il y a quelques semaines), Aftersun est une œuvre empreinte de mélancolie qui, sans pathos, explore les non-dits et laisse le soin au spectateur d’y trouver sa propre histoire, aussi universelle soit-elle. Si, tout comme le film de Charlotte Le Bon, Aftersun revêt les oripeaux du coming of age, il dépasse ce statut. En effet, l’émancipation de Sophie est moins un sujet que le voile nostalgique qui recouvre la relation entre la jeune fille et son père. Tout l’intérêt étant de le soulever afin de savoir ce qu’il s’y cache. Fort heureusement, le long métrage ne le fait que partiellement, nous laissant tout le loisir de découvrir les éléments disséminés çà et là et d’en faire notre propre interprétation.


Vous l’aurez compris, Aftersun est un film d’une grande sensibilité qui se savoure tels les derniers jours de l’été, avec joie mais tristesse. Et si, comme le disait Victor Hugo dans Les travailleurs de la mer «La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste», nous ne pouvons qu’être heureux que l’épilogue d’Aftersun nous déchire tant le cœur.

Aftersun de Charlotte Wells.

© Sarah Makharine



Article paru le 22 février 2023 dans le n°895 de Ciné-Feuilles.

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