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DE TOUTES LES COULEURS (Inde)

Dernière mise à jour : 22 nov. 2021


06.12.2018 au 05.04.2019


On nous avait annoncé que l’Inde s’adore ou se déteste. Après 4 mois passés dans ce pays nous ne comprenons pas comment il peut être adoré. Retour sur notre séjour haut en couleurs.


Itinéraire.

Dans les grandes lignes notre itinéraire nous a mené à Delhi avant de nous rendre à Goa et de longer la côte jusqu’à Calcutta pour ensuite rejoindre le Népal en passant par l’inévitable ville de Vârânasî (anciennement Bénarès). Durant ce parcours nous avons pu nous délecter de la nourriture de rue à Amritsar, faire des rencontres à Chandigarh et Delhi, expérimenter le voyage en train jusqu’à Goa - où nous avons célébré la fin d’année en famille. Nous avons ensuite admiré les vestiges d’Hampi et le palais de Mysore. Nous nous sommes également frottés à la vie animale à Wayanad et avons profité de la fraicheur des villes d’Ooty et Munnar entourées de leurs plantations de thé. Nous avons sillonné la côte du sud-ouest via Fort Cochin, Allepey et Varkala avant d’atteindre la pointe sud du pays à Kanyakumari - où les 3 mers se rencontrent remplissant l’horizon jusqu’au pôle. Rameswaram et Tiruvanamalai resteront parmi les villes les plus marquantes, et nous y aurons découvert l’hérésie religieuse. Entre deux, nous avons fait une pause de deux semaines à Madurai, l’occasion d’une retraite de yoga pour Amaia et de découvrir la ville en profondeur pour Marvin. Nous avons été déçus par Pondichéry et Puri alors que nous remontions la côte est en passant par Ongole, Rajahmundry, Srikakulam ou encore Balasore qui n’auront été que des villes dortoirs pour nous qui n’avions en tête qu’une chose, quitter l’Inde au plus vite. Calcutta fut une parenthèse plaisante avant d’être définitivement dégoutés par Vârânasî.


Tout avait pourtant bien commencé.

Après 3 semaines éprouvantes au Pakistan, nous étions tout contents d’entrer au pays de Gandhi. Une sensation de liberté accompagnait notre arrivée. Après un passage de frontière scrupuleux, nous étions heureux de voir des femmes aux guidons de scooters, de ne pas être alpagués par la moindre voiture de police et de pouvoir s’offrir une bière en toute impunité. La ville d’Amritsar nous a accueillis de la plus belle des manières grâce à une nourriture exceptionnelle, des retrouvailles avec Jürgen notre ami autrichien rencontré sur la route et un temple logiquement intitulé golden. Nous sommes également retournés à la frontière avec le Pakistan afin d’assister à la cérémonie de fermeture quotidienne. Assis au premier rang, dans une ambiance de coupe du monde, nous constatons, quelque peu dubitatifs, la rivalité entre les deux pays. Du côté indien comme pakistanais la foule est en délire et c’est à celui qui hurle le plus fort. Lorsque les drapeaux sont descendus de part et d’autre, le folklore, légèrement ridicule, est à son comble avant que la cérémonie se termine.


A gauche : golden temple d'Amritsar.

Au milieu et à droite : cérémonie à la frontière de Wagah.


Ca se gâte.

C’est en route pour Delhi que les choses ont commencé à se compliquer. Au départ de Chandigarh, alors que le trafic est chargé (pléonasme), nous roulons à une quarantaine de kilomètres par heure lorsqu’une fille, âgée d’une vingtaine d’années, décide de traverser, en regardant dans la direction opposée, les trois voies constituant la route. Marvin, alors en tête, tente de freiner puis de l’éviter en s’écartant à droite. Malheureusement, l'impact est inévitable et la moto termine sa course dans le terre-plein central. Tous deux sains et saufs mais sous le choc, nous tentons de réagir alors qu’une foule de personnes s’attroupe autour de nous. La fille, gisant sur le sol, a le front ensanglanté et est à demi-consciente. Pendant plusieurs minutes nous ne savons pas si les secours ont été appelés ou si tous les téléphones sortis servent uniquement à prendre des photos et vidéos (nous saurons plus tard qu’il s’agit de la deuxième option). Finalement, deux personnes prennent la fille afin de l’emmener à l’hôpital. Alors que nous nous mettons en sécurité, un homme enturbanné nous conseille de partir au plus vite. Quelque chose au fond de nous nous pousse à lui faire confiance. Nous comprendrons plus, tard qu’à ce moment précis, il nous sauve peut-être la mise. Nous le suivons jusqu’à un garage BMW où nous rencontrons une communauté de motards dont il fait partie. Grâce à elle, nous comprenons que si nous étions restés sur place nous aurions subi du chantage, venant des villageois comme de la police, et que tout aurait pu mal tourner. Le système indien est tel qu’un étranger, surtout s’il est blanc, sera toujours considéré comme appartenant à une caste supérieure, donc riche, donc responsable, quelles que soient les circonstances. Toujours grâce à ces motards, nous apprenons que la fille s’en est sortie. Le lendemain, nous reprenons la route en direction de Delhi. Les discussions que nous avons tournent principalement autour de l’accident. Et l’état de choc laisse place à l’énervement contre la bêtise de tant de gens qui mettent nos vies en danger.


A gauche : dégâts suite à l'accident.

Au milieu et à droite : avec les motards de Chandigarh.


Premières facettes.

Cet événement est évidemment marquant mais est surtout un déclic permettant de cerner les premières caractéristiques d’une société indienne dans laquelle nous venons à peine de débarquer. Fortement égoïste tout d’abord, où le chacun pour soi est loi. Nous confirmons cela à Dehli, quelques jours après l’accident, où, au gré de conversations avec des indiens comme des expatriés, nous comprenons qu’une vie indienne ne vaut rien et qu’il est préférable de prendre ses jambes à son coup lors de situations délicates. Tous nos réflexes et critères européens ne sont plus, nous avons laissé le bon sens à la frontière pakistanaise. Evidemment, de tels propos nous ont en premier lieu choqués, mais plus notre séjour avancera, plus ils prendront de leur sens.

Dès Delhi, nous constatons également l’irrespect des gens envers nous, notre matériel mais également entre eux. En voyant la façon sans gêne qu’ont les gens de traiter toutes personnes ou choses, nous réalisons que la majorité des individus ne possède aucun savoir vivre ni aucune bienséance. Garés sur le bord de la route, nous ne comptons plus le nombre de fois où, sans hésitation, des personnes sont venues toucher, tripoter, voire frapper nos affaires ou nos motos alors que nous nous trouvions juste à côté. Faire la remarque que la moindre des choses serait de demander la permission résulte à se trouver, la plupart du temps, face à des enfants baissant la tête et incapables de rétorquer quoi que ce soit.

Nos premières impressions forgées, nous trouvons néanmoins du réconfort grâce à certaines rencontres. Les motards de Chandigarh bien sûr, mais aussi nos hôtes à Delhi avec qui nous passons de nombreuses soirées festives nous rappelant parfois notre vie lausannoise. Ces moments plaisants nous font prendre la décision de nous rendre à Goa en train pour nos retrouvailles en famille. Ainsi, nous évitons de courir après le temps en parcourant plus de 2'000 kilomètres en une semaine. A nouveau, la désillusion fut grande.


Joyeux Noël.

Après l’égoïsme, nous faisons face aux facettes fataliste et irresponsable de l’Inde. 50 heures de train plus tard, nous sommes à Goa. Nous n’avons plus qu’à récupérer nos véhicules puis rejoindre un groupe d’amis voyageurs pour fêter Noël. Hélas, rien n’est jamais si simple en Inde. Une moto (Klyde) est absente et nous récupérons l’autre (Bonnie) imprégnée d’une odeur de poisson infecte et gravement endommagée (guidon complètement tordu et de nombreuses pièces brisées). Après l’expériences des routes du Tadjikistan, avoir chuté à maintes reprises et pris le train au Kazakhstan (un pays où nous ne parlons pas la langue alors que l’anglais est l’une des langues officielles de l’Inde), nous ne parvenons pas à comprendre comment de tels dégâts ont pu être occasionnés. Nous remuons ciel et terre pour obtenir un quelconque dédommagement (réciter les allées et venues dans la gare, passant d’un bureau à l’autre, à se faire opposer à nos arguments les mêmes inepties feraient passer les situations du Procès de Kafka pour des événements complètement banals) mais savons, comme souvent, que nous ne pouvons compter que sur nous mêmes. Nous sommes confrontés à des mensonges et des rires nous mettant hors de nous (deux nouveaux éléments récurrents en Inde où rien ne semble sérieux). Nous remplissons néanmoins tous les papiers nécessaires tout en sachant - puisqu’on nous le dit tel quel et sans une once de gêne ou de honte - qu’étant étrangers nous finirons par quitter le pays et ne pouvons espérer aucun dédommagement (à l’exception des sempiternelles « sorry, sorry » prononcés à tout va). Ça a le mérite d’être clair. Quant à Klyde, on nous fait savoir qu’elle est censée arriver le lendemain avec le premier train. Nous sommes le 24 décembre, joyeux Noël ! Le soir, une moto endommagée, la seconde toujours absente, épuisés après avoir fait face à tant d’absurdité, les mots apparaissant dans notre carnet de voyage sont sans équivoque :


Après cette journée, l’individualisme indien nous saute aux yeux, la densité de population de ce pays est invivable. Si nous rencontrons de bonnes personnes la majorité n’est qu’un troupeau incapable. Personne ne prend de responsabilité, tout le monde se satisfait de la médiocrité. Nous commençons à comprendre comment un pays peut être si sale et si peu tourné vers l’avenir et le changement.

Le lendemain, nous récupérons Klyde, heureusement sans dégât. Lorsqu’on nous demande de l’argent pour le déchargement de la moto, nous nous empressons de partir avant d’incendier la personne effrontée, et la gare avec, certainement.

Réception des motos à Goa.

Pause en famille.

Les deux semaines faisant suite à ces péripéties sont heureusement reposantes. En famille, (avec la mère et le beau-père de Marvin), nous nous ressourçons, entre farniente et découverte de la région. Si le côté ultra touristique de Goa n’est pas notre tasse de thé, nous profitons de bons restaurants, de l’océan et de la chaleur de ces retrouvailles. Ce qui nous suffit à passer outre le flot de touristes irresponsables venant profiter de la liberté virtuelle qu’offre l’Inde afin de réaliser en toute impunité ce qui est interdit chez eux. Tout aussi touristiques, nous découvrons les superbes paysages d’Hampi et parvenons à nous éloigner de la masse en fournissant quelques efforts physiques pour grimper au sommet de collines rocheuses.

En haut : à Goa, en famille.

En bas : visite du site d'Hampi.

Moto ayant percuté Bonnie.

Les ivres de la jungle.

S’il existe de nombreuses règles en Inde, aucunes ne semblent avoir une quelconque importance. Ceci est parfaitement illustré par le trafic, certainement la pire et la plus représentative facette de l’Inde (et nous ne parlons pas des klaxons incessants qui ne sont que la partie émergée de l’iceberg de la bêtise). Facette ou le fatalisme de cette société de castes est le plus flagrant. Nous avons toujours cru que l’Homme, en bon animal qu’il est, était doté d’un instinct lui permettant de sentir le danger et d’agir en accord avec ses peurs. Il n’en n’est rien des conducteurs indiens. Est-ce lié au peu d’importance de leur existence, à leur croyance en la réincarnation ou à leur fatalisme ? Ou tout simplement au bétel qu’ils chiquent à tout va leur permettant de rester éveillés au volant tout en leur donnant ce regard hagard rougeoyant. Les situations rencontrées, plus loufoques, absurdes, ubuesques, les unes que les autres sont inénarrables et inconcevables. Véhicules en sens inverse si courant qu’on ne s’en rend même plus compte, motos – par deux fois – qui rentrent dans Bonnie (la première fois trois énergumènes complètement saouls puis trois enfants d’une quinzaine d’années). Poids lourds qui s’arrêtent au milieu de la chaussée, bloquant le trafic, dans le seul but de nous observer alors que nous faisons une pause. Accrochages multiples dans diverses villes. On en passe et des pires. Si nous savons que ces comportements sont principalement dus à un manque d’éducation et de sensibilisation, nous ne parvenons pas à comprendre ce qui passe par la tête de ces gens qui klaxonnent face à une barrière fermée d’un passage à niveau ou démarrent leur véhicule en quatrième. La quantité d’accidents dont nous avons été témoins n’est donc pas une surprise, tout comme la réaction des locaux dans ces situations : observer sans agir. Nous comprenons à quel point les règles de la jungle s’appliquent : la loi du plus fort et de sa propre personne en premier.

Rares moments de solitude.


L'opium du peuple.

De nombreuses situations d’inconscience plus tard, en nous enfonçant dans le sud du pays, nous sommes confrontés à la perversion religieuse. A Tiruvannamalai, durant le festival de Shivaratra nous sommes médusés face au concours de misérabilisme auquel participent les mendiants. Quelques jours plus tard, nous assistons à la célébration de Kali - femme de Shiva - ainsi qu’à des sacrifices de poulets à dents nues. Réfractaires à la religion depuis toujours nous observons l’escalade de la folie. Et si cette foi avait le mérite d’apporter une once d’humilité, que nenni. Alors que le peuple pakistanais nous avait émerveillé par sa douceur et sa gentillesse, l'hindouisme, religion majoritaire en Inde, n’est que l’apanage de la misogynie et de l'orgueil. A Madurai, Amaia est interdite d’entrer dans un bar pour la seule raison d’être une femme. Solution certainement préférable plutôt que d'être la cible de centaine d'yeux, plus vicieux les uns que les autres, l'observant comme une bête de foire. Quant à l'orgueil, le sentiment de supériorité face au Pakistan ou l’ego surdimensionné de certaines personnes croyant vivre dans le meilleur pays du monde (sans en être sorti, évidemment) en atteste. Et n'allez pas faire une remarque désobligeante, une nouvelle facette - celle de l'agressivité - risquerait de montrer le bout de son nez.

Omniprésence religieuse.


Rencontres salvatrices.

Heureusement, des exceptions redonnent espoir. A Delhi, en plus de nos hôtes, nous rencontrons Siddharth, travaillant chez le concessionnaire BMW, qui nous aura été d'une très grande aide et deviendra un ami. A Wayanad nous croisons la route d'un docteur et photographe qui laisse un mot sur nos motos afin de nous rencontrer. A Varkala, nous logeons dans une guesthouse tenue par une bande de jeunes dynamiques et géniaux. Enfin, à Calcutta, nous retrouvons des sourires et la joie que cette cité promet d’apporter.

Avec Siddharth et son équipe.

Dernière ligne droite.

Nous savons que nous avons l’aspect de cosmonautes. Nos grosses cylindrées, notre équipement, notre couleur d’yeux, de cheveux, de peau, tout prête à la curiosité. Au Kazakhstan déjà, nous relations les situations comiques que ceci pouvait générer. En Inde, un palier est franchi et le comique laisse souvent place au pathétique. Lors de notre remontée le long de la côte est, nous traversons les pires états (géographiques comme psychologiques). Sentiment certainement accentué par la fatigue et l’envie de quitter le pays. En Andra Pradesh, nous subissons les plus grands attroupements autour de nous. Parfois une cinquantaine de moutons s’intéressant plus à la cylindrée et au prix de nos machines qu’à nous ou notre voyage. Dans le meilleur des cas, ils restent silencieux à épier, dans le pire ils s’aventurent à oser un selfie de la façon la plus automatique et sans vergogne qui soit. Et s’aventurer à comprendre l’utilité ou la raison de ces photos narcissiques revient à être confrontés à un regard vide de sens. En Uttar Pradesh, nous parvenons à trouver de la sérénité uniquement isolés dans notre chambre après des journées tellement éprouvantes (physiquement et mentalement) qu’elles donnent l’impression d’avoir couru un marathon. Et encore, faut-il parvenir à trouver un logement peu fréquenté pour ne pas faire face à l'irrespect de la vie en communauté (nous n'aurions jamais pensé que tirer une chasse d'eau ou respecter le silence soit si difficile). Nous puisons notre bonheur dans la gastronomie, unique constante de satisfaction de notre séjour.

En quête de réconfort.

Interlude esthétique.

L'Inde n'en demeure pas moins un pays très photogénique. Les humbles photographes que nous sommes ont au moins pu faire le plein de clichés dépaysants. Petit aperçu.


Réflexion.

Notre sentiment sur l'Inde est donc des plus mitigés (bel euphémisme !). Il n’empêche que ce type d’expérience force à la réflexion et à une tentative de compréhension. S’il est évident que la différence culturelle est immense, nous ne pouvons nous empêcher de poser nos yeux et d’utiliser nos cerveaux d’occidentaux pour tenter de comprendre. Les personnes les plus lucides que nous avons rencontrées nous donnent un élément de réponse. A Munnar, les propos d’un charmant tenancier de café nous reviennent en tête :


Quand je contredis des personnes elles ne veulent rien entendre, le schéma de vie est tout tracé.

De la même façon qu’un conditionnement existe dans notre société (et nous voyageons pour nous en éloigner le plus possible), il est légion en Inde. Le système en place, profitant de croyances religieuses, d’un fatalisme à toute épreuve et d’un manque d’éducation flagrant, offre une société surpeuplée insoutenable. Un gouvernement nationaliste, pro hindou (donc négligeant toutes les autres religions) corrompu jusqu’à la moelle préférant montrer ses muscles au Pakistan plutôt que de se soucier de son peuple complète le tableau. Nous repensons également à toutes ces personnes qui nous ont vanté la magie de l’Inde avant notre départ et essayons d'analyser. Alors oui, l’Inde pour deux semaines, en vacances, dans les lieux touristiques, c’est plutôt sympa. Ça dépayse, on se sent libre, la nourriture est excellente. Mais le voyage en Inde - qui plus est avec son propre véhicule - est, à nos yeux (ainsi qu’à ceux de voyageurs que nous avons rencontrés) une expérience infernale.

Il est temps de partir (avant de devenir fou).

Alors pourquoi y avoir passé tant de temps ? Tout d’abord parce qu'il s’agit d’un territoire gigantesque que nous voulions découvrir comme il se doit. Ensuite, car lorsque nous nous sommes retrouvés à l’extrême sud du pays, il fallait bien remonter et il était hors de question de tenter à nouveau l’expérience du train. Finalement, car nous devions gérer notre séjour en fonction du climat, des visites de proches, des visas et des projets que nous avions en tête. Et le plus fou dans tout cela est que nous avons prévu d’y retourner, mais ça, c’est une autre histoire.

Palais de Mysore.

Inde


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